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Acte 4

<Par Thibaut>
Le vent sur son visage et les odeurs des embruns de la mer… c’est dans ce cadre inattendu que l’autre Juste-Nuit reprend conscience. Tous nos aventurier sont en arrêt devant les changements du paysage s’opérants sous leurs yeux. Mais l’autre Juste-Nuit, bien que figée comme les autres semble plus inquiète qu’émerveillée. Amar ouvre le petit coffret tombé de la couronne du roi fou, révélant un nouveau morceau de Chiaroscuro. Alors que Lilith, Bardhour et Grisou s’approche du gnome, le morceau de clef se met à luire, s’envole et file droit vers le petit méphite qui l’absorbe tout comme la matrice avant lui. L’autre Juste-Nuit finie par sortir de sa torpeur et s’exclame à plusieurs reprise qu’elle a perdu Juste-Nuit ! La panique des premières répétition finie par faire place à la tranquillité et même au soulagement. Contre toute attente il ne s’ensuit aucune agressivité de sa part envers le reste du groupe dont les réactions vont de la confusion et de l’incompréhension à la méfiance et la suspicion. Elle semble calme peut être même aimable ?!

Pendant ce temps la gondolfière de nos aventuriers franchissait la faible distance les séparants et tous les cinq montèrent à bord. Après quelques manoeuvres pour récupérer Crabus, le groupe repart vers Skiam afin d’informer les habitants de la fin de la malédiction. Ils en profitent également pour renouveler leur proposition de commerce et planifient de leur envoyer un émissaire de la compagnie des vents afin d’établir une route commerciale. Après avoir saluer les habitants, nos compagnons décident de contacter Grand Père Régulus. Ce dernier confirme la vision de Lilith : Sérénité est prisonnière de l’Écorcheuse. Bien que le temps les pressent pour la secourir, l’incarnin de métal incite nos héros à ne pas se précipiter et à bien se préparer pour leur nouvelle mission en Oblivion. Après avoir pris la décision de mettre la gondolfière en lieu sur, ils partent pour Pyrid non sans fixer avec Grand Père Régulus une date pour leur transmigration.

Un matin durant le trajet de retour au dessus des terres barbares au nord des montagnes blanches, Lilith s’entraine au combat sur des mannequin de paille. Souhaitant apaiser les tensions entre elles, l’autre Juste-Nuit lui propose un duel amical. Mais alors que la paladine pensait s’engager dans un entrainement qui lui permettrait de mieux faire connaissance avec la magicienne, celle-ci déchaine sur elle des vents de tempête qui la repousse et manquent de la faire passer par dessus bord. Comprenant que les enjeux de ce combat serait tout autre, l’Aasimar parvient à endormir son adversaire faisant cesser la tempête et lui permettant de revenir à proximité de Lilith. Réveillée d’une légère secousse à l’épaule celle-ci préfère abandonner le combat de colère. Une dispute s’ensuit entre les deux duellistes mais Lilith ne semble pas ouverte aux explications de Juste-Nuit et finie par se retirer à l’écart de tous. Arrivé à Pyrid, tandis que Bardhour fait quelques emplettes en ville, l’autre Juste-Nuit demande à Amar de lui choisir un nom. En tant que barde elle ne doute pas qu’il saura lui en trouver un qui lui aille à la perfection.

Une semaine c’est écoulée depuis le départ de Skiam. La gondolfière est en sécurité et un capitaine suppléant est en route pour palier à toutes situations durant les absences prolongées de nos héros. S’installant à l’arbit d’un bois à la sortie de la ville, chacun enlève son médaillon et s’endors dans l’attente du prochain voyage qui les emmènera tous en Oblivion à nouveau.

<Par Caroline>
Qu’est-il arrivé ? Pourquoi nos aventuriers ne sont-ils pas auprès de Regulus comme prévu ? La situation semble critique… Serait-ce la fin ? Chacun se retrouve emprisonné d’une façon ou d’une autre dans ce qui paraît être la tour de l’Ecorcheuse, incarnin du Mal.
Lilith reprend doucement conscience dans une cuve remplie d’un liquide rose. De façon étrange, elle patiente quelques heures avant de s’échapper de ce cocon fragile en en perçant la paroi à l’aide de ses griffes. Elle découvre autour d’elle des centaines de cuves similaires, chacune contenant un corps inanimé. Certains sont en décomposition, d’autres semblent simplement endormis. Après avoir vérifié chacun de ces œufs, et n’ayant trouvé aucun de ses camarades, la Tieffeline quitte la pièce et rencontre hissé au dessus d’une sorte d’énorme estomac un gobelin étrange. Ce petit personnage couvert de cicatrices s’attelle à lancer toutes sortes de choses dans la panse immense : armures, boucliers, armes en tous genres… tout y passe, sauf Nocturno qui ne semble pas accepter de terminer broyée dans cet organe démesuré.
Après avoir tenté de visiter la pièce d’en face, Lilith rebrousse chemin face aux guragastas qui lui barrent la route. Elle empruntera alors, d’après les indications du gobelin, la pièce de « l’autre fou » qui semble bien propre comparée au reste du bâtiment fait de chair. Malgré la propreté, cet endroit est sans doute possible le lieu de sombres expériences, et le cobaye attaché à la grande croix en bois n’est autre que Juste-Nuit. Lilith prendra le temps de lire différents documents visibles avant de daigner détacher la jeune femme, sans aucun soin. Après son réveil, elles n’auront d’autre choix que de continuer à fouiller les lieux à la recherche de leurs compagnons, ou d’une sortie. Le sol de la pièce d’en face, nommée « la morgue », est recouvert d’un liquide épais qui n’inspire rien de bon. En y regardant de plus près, l’une comme l’autre y découvrira un nez et un ventre dépassant de la mare… sans réfléchir, elles se précipitent toutes deux au secours de Barduhr, évanoui, qui se faisait ronger par l’acide. Les soins de Juste-Nuit remettront heureusement le nain sur pieds très rapidement. Trois sont en vie. Si Amar est retrouvé sain et sauf, alors ce ne sera plus de la chance, mais un miracle. Nos camarades sont maintenant face à une évidence : pour sortir d’ici, il faudra passer par la salle aux guragastas. Dans cette pièce bordée de cellules les attendent 3 de ces créatures qu’ils combattront, jusqu’à la mort de deux d’entre elles et la fuite de la dernière.
C’est à ce moment que la protection divine ou autre puissance supérieure veillant sur nos héros pourrait être envisagée : Amar est là, inconscient dans une cellule, portant autour du cou un gros collier marqué de runes.
Malheureusement, cet épisode ne s’est pas terminé sur ces notes positives. Les pièces suivantes offrent un spectacle macabre et difficile à supporter. Quatre cadavres d’enfants, poitrail ouvert, sont pompés de leur sang par un cube mécanique qui alimente une fiole à l’étage inférieur. Avant de quitter cet endroit, Juste-Nuit rendra aux corps un peu de dignité et détruira l’ensemble de l’installation. Ils continuent leur périple, Amar toujours inconscient sur le dos de Barduhr, passant à la pièce suivante…

<Par Anatole>

Subjugué au premier regard, l'idée de toi me hante
Et je flotte loin des contingences du monde
Contre son absurdité c'est toi qui m'inspire, Sérénité.
Que le récit de nos périls t'apporte courage, et vigueur !

Entrainés par l'élan de Lilith
Soutenus par la chevaleresque Aurore/Juste Nuit
Conseillés par la sagacité de Bardhur
Energisés par les vocalises d'Amar
C'est un règne de terreur qui aujourd'hui prend fin 

Par quelle stratégie foireuse
Cette cruche d'écorcheuses
A-t-elle pu penser que nous faire entrer
En son morbide palais serait une bonne idée ?

Ruzzoth, le tieffelin qui montra plus de morgue 
Que de vaillance, fut un bien piètre obstacle
Sa langue déliée aiguisa notre vigilance
nous ne saurions plus jouer de malchance

Ne doutez pas pour autant de l'horreur de l'endroit
Le vrai cauchemar est celui contre lequel on ne peut rien
Celui qui laisse sans mots, ne reste que la rage.
Des centaines. Des enfants. Des victimes. Désespoir.

Nos pleurs font échos aux tiens
C'est accablés que nous entrons dans le lieu de tes souffrances. 
Ton geôlier, ce démon, est un roc. 
Ses paroles de serpent sèment le doute, la confusion

L'occire fut un plaisir !
Mais les lames de l'écorcheuse risquent bien de prendre nos âmes
Face à cette magie terrifiante chacun semble perdu, c'est un drame !
Qui croire, comment agir ?

Sérénité, nous sommes là pour toi
Sérénité, ne nous abandonne pas !

<Par Thibault>
Nous pensions avoir un peu de répit maintenant le Ravageur foudroyé ; nous nous trompions. Exaltés par le coup mortel porté par Juste-Nuit, nous assaillîmes l’œuf retenant Sérénité prisonnière avec nos lames, nos sorts – et un cri de guerre douteux d’Amar – alors que les faux osseuses de l’Ecorcheuse continuaient leur harcèlement insupportable. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que 2 Ghûraghastas viennent tenter de nous interrompre ; heureusement, nous pûmes aisément les pousser dans le vide alors qu’elles se déplaçaient sur les toiles reliant la plateforme centrale aux alcôves. L’œuf, entamé par les coups d’épée de Juste-Nuit et de masse d’Amar, céda finalement sous les assauts glacials de Lilith, laissant choir Sérénité qui, bien qu’affaiblie, se releva promptement. Les sinistres appendices de l’Ecorcheuse se focalisèrent alors tous sur Sérénité, faisant pleuvoir un déluge de coups qu’elle para avec son épée en bois, au prix d’innombrables efforts.

La situation, critique, devint rapidement désespérée quand 4 nouvelles Ghûraghastas et 2 nouveaux appendices faucheurs apparurent pour percer les défenses de l’Incarnin du Bien. Nous tentâmes de lutter, malgré les injonctions de Sérénité qui nous intimait l’ordre de fuir, mais nous dûmes nous rendre à l’évidence : nous ne pouvions pas gagner ce combat. Résignés, nous finîmes par abandonner la plateforme en sautant dans le ruisseau souterrain dont nous espérions qu’il nous emporterait loin de cet endroit de cauchemar.

Sous les étoiles d’Oblivion

Nous nous laissâmes entraîner par le courant pendant plusieurs minutes, pour finalement sortir de la demeure de l’Ecorcheuse ; qu’il était bon de revoir le ciel étoilé d’Oblivion figé dans sa nuit éternelle, après avoir été piégés trop longtemps dans cette Tour de chair et d’os ! Nous puisâmes dans nos dernières forces pour rejoindre la berge avant d’être entraînés vers une cascade. Lilith, qui était parmi les premiers à s’être jetés à l’eau, se trouvait désormais derrière nous et ne luttait pas contre le courant. Nous nous débrouillâmes pour la sortir du cours d’eau malgré elle – ça m’a brisé le cœur de la voir accorder si peu de valeur à sa propre vie, une fois de plus ; et pourtant je crois que je la comprends.

Une fois hors de danger, elle éclata en sangots et prit le temps de nous expliquer sa rencontre avec son père, ainsi que toutes les interrogations qui l’accablaient. Juste-Nuit et moi la soutînmes jusqu’au mausolée de Regulus, où nous pûmes enfin nous remettre de notre horrible périple.

Un fragment d’espoir

Après avoir pris un (long) repos bien mérité, nous pûmes faire le point sur la situation, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’était pas du tout à notre avantage. Le fragment que nous avions récupéré sur Bazoeurk, le roi fou, était désormais entre les mains de l’Incarnin du Mal, grâce aux maléfices qui lui ont permis de manipuler Grisou et d’en extraire le fragment. Avec 2 fragments de Chiaroscuro, elle était plus puissante que jamais ; et surtout, plus puissante que les autres Incarnins d’Oblivion. Pris à la gorge, notre seul espoir était de trouver le dernier fragment de la Clé des songes sur Pangée, et réussir, cette fois-ci, à le garder hors de portée de notre ennemie. Cela ne serait pas une mince affaire : Amar nous apprit que l’Ecorcheuse avait des alliés dans notre monde, dont le Duc qui avait trahi Löne Kernos !

Investis de notre nouvelle mission, nous rejoignîmes notre monde matériel emplis d’une sinistre conviction : nous allions devoir être plus prudents et plus méfiants que jamais.

Éveil et errements

De retour sur Pangée après plusieurs semaines de « sommeil » (un sommeil qui n’est pas de tout repos…), nous reprîmes nos fonctions à bord de la Gondolfière après avoir fait la connaissance de notre nouvelle capitaine, Redis. Nous n’avions aucune idée de l’emplacement du dernier fragment, et décidâmes de retourner à Ikhâr, là où tout avait commencé, en espérant y trouver une piste…

Note de Barduhr, griffonnée sur un bout de parchemin au petit matin, puis déchirée et jetée

Je ne prends pas souvent la plume, mais aujourd’hui j’en ressens le besoin. J’ai vécu des… malheurs éprouvants au cours de ma vie, certains m’ayant tourmenté pendant plusieurs années, mais jamais je n’ai été plongé dans une horreur aussi pure que celle de l’Antre de l’Ecorcheuse. Et ce cauchemar, que j’ai fait il y a quelques nuits… Il me hante…

Je me souviens, comme si je le faisais chaque nuit, de cet autel gravé de runes au milieu d’une pièce sinistre teintée d’une lueur rouge sang. Je me souviens les liens d’acier, durs, mordants, me retenant sur une table métallique alors qu’un miroir en face de moi me renvoie l’image d’une silhouette chétive, terrifiée. Je me souviens de toutes ces sensations insupportables saturant mes sens : l’odeur du sang dans mon nez, une ombre mystérieuse et ses faux d’ébène se balançant devant mes yeux, une comptine macabre, celle de notre tout premier cauchemar, qui emplit l’espace, agresse mes oreilles, et qui enfle, enfle enfle encore ! Enfle tellement qu’elle n’est plus qu’un chœur de hurlements enfantins terrifiants ! Et, brusquement, elle s’éteint… Quelques secondes de silence. Une douleur brutale m’envahit alors, une aiguille me transperce la nuque ; et la voix bestiale de l’Ecorcheuse résonne dans ma tête, me nargue, me menace, me dévaste. Je fuis, je ne sais pas comment je me suis libéré, mais je cours le plus loin possible de ces horreurs, je cours comme je n’ai jamais couru. Mon corps se nécrose à vue d’œil, mon enveloppe charnelle se décompose jusqu’à ne plus pouvoir retenir ce qu’il y a à l’intérieur. J’explose dans une gerbe de sang.

Et enfin, je me réveille en sueur. Depuis que j’ai fait ce cauchemar, la simple idée de m’endormir me tourmente. Mon corps est fatigué, mais mon esprit, lui, est exténué. Est-ce que c’est l’Ecorcheuse elle-même qui m’a menacé pendant mon sommeil ? Est-ce qu’elle cherche à nous affaiblir au travers de nos rêves ? Ou est-ce que je suis simplement en train de devenir fou ?

Je n’ai plus qu’un seul souhait : que tout cela se termine, d’une manière ou d’une autre.

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